dimanche 27 février 2011

Jackie Robinson et Montréal: une lune de miel légendaire

On honorera la mémoire du grand Jackie Robinson demain. Dans le cadre du mois de l'histoire des noirs, on érigera une plaque commémorative devant le domicile original où Robinson avait élu résidence lors de son passage historique avec les Royaux de Montréal, lors de la saison 1946. Quelque part sur la rue de Gaspé, on pourra se remémorer à jamais, que c'est ici que la barrière de couleur est tombée dans l'histoire du baseball professionnel. La veuve de Jackie Robinson sera présente pour l'occasion, elle qui racontait le week-end dernier que pour la première fois de sa vie (à l'époque), elle avait vu une bande de blancs aux trousses de son mari, non pas pour le battre ou le lyncher, mais pour avoir son autographe!
Dans un article publié sur ESPN, elle raconte aussi comment les Montréalais étaient gentils et polis envers elle et son mari, mentionnant que faute d'argent, elle et Jackie n'avait pas eu la chance de vivre une vraie lune de miel à la suite de leur mariage en février 1946, mais que l'accueil reçu ici "valait beaucoup plus qu'une simple lune de miel".
Voilà une raison de plus pour ne pas avoir peur d'affirmer que Montréal est une ville extraordinaire et qu'elle mérite de le rester. Sans tomber dans la politique, je doute qu'un maire comme Gérald Tremblay soit la solution à la renaissance de notre métropole, mais honnêtement, je n'ai pas le gout de m'embarque la dedans.
J'ai plus envie de m'embarquer dans mes souvenirs de baseball, quand le printemps, comme aujourd'hui, est sur le bord de s'amener, avec les Expos dans ses valises. Quand on suivait l'arrivée des joueurs à West Palm Beach et qu'on rêvait à la Série Mondiale. Quand on achetait nos billets pour le match d'ouverture et qu'on manquait l'école pour célebrer le retour de nos z'amours pour l'été.
C'est un peu ça notre histoire avec les Expos. Un amour estival qu'on attendait fébrilement en sachant très bien comment les soirées de juillet étaient magiques, avec le petit radio transistor sur le rebord de la fenêtre et la brise d'été qui balayait les rideaux de la chambre pendant que Jacques Doucet nous racontait comment c'était beau, à San Diego.
Ça fera six ans que les Expos sont partis, amenant avec eux une parcelle de ma jeunesse. Chez nous, c'était presque une religion. Moi et mon père on ne ratait jamais une partie et malgré toutes les fois ou on a eu le cœur brisé par nos z'amours, je me souviens comme si c'était hier les moments où on bondissait du divan pour se donner un "high five" avec Jacques Doucet qui s'écriait "et elle est parrrrrrrrrrrrrtie" et Rodger qui s'époumonait à nous redire 14 fois d'affilé le nom du héros du match. Oui, une bien belle époque.
Quand on parle de baseball à Montréal, ça ne se fait jamais sans heurt. La blessure fut si vive et si profonde que parfois, on préfère ne pas revenir la dessus. Comme les histoires de famille qui se terminent mal. Il y aurait tellement de coupables à pointer du doigt, tellement d'amertume à faire l'autopsie de toute cette aventure que ça devient masochiste.
Brochu, Loria, Selig, l'inertie des grosses poches d'ici à investir dans un nouveau stade au centre-ville, des responsables et des excuses, il y en a des tonnes. La seule chose sur laquelle on peut être d'accord, c'est comment on avait sous estimé pour la ville, la province et notre peuple, le néant que créerait la perte d'un club professionnel de balle. Montréal l'été n'est plus la même depuis et c'est ça au fond qui fait le plus mal, de perdre un si gros morceau de notre identité.
Et quand la veuve de Jackie Robinson vient nous dire que "ce qui c'est passé à Montréal avec Jackie à une influence majeure sur notre société moderne", je me demande encore comment tout ça à pu se passer, sans qu'on y fasse obstacle, sans qu'on puisse garder nos acquis et surtout, sans que personne ne reconnaisse que le baseball moderne doit énormément aux gens d'ici. Mais, quand il est question d'argent, les bonzes du baseball majeur en on rien à cirer des histoires d'amour...

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