jeudi 3 mars 2011

À un cheveu d'y passer

Hier soir, en revenant d'un meeting d'affaires au Lac Drolet (dans le bout du Lac Mégantic), j'ai été témoin d'une violente collision semi frontale quelque part entre Cookshire et Lennoxville. L'auto devant nous voulait tourner à gauche, on a ralenti et la voiture qui nous suivait s'est emballé en freinant sur la chaussée enneigée,  faisant des S pour dévier dans l'allée contraire. Le chauffeur de la voiture qui venait en sens inverse à juste eu le temps de littéralement diriger sa voiture dans le champ. Mais, la seconde auto qui suivait (à environ 85-90 kmh), n'a jamais eu la chance d'éviter la voiture en dérape. En regardant derrière (alerté par mon confrère de travail qui lui, était au volant) j'ai presque tout vu. En un instant, tout c'est arrêté, des morceaux de carrosseries éclatés partout sur la route, une voiture dans le clos et deux autres démolies totalement sur les ailes avant, à  l'inverse l'une de l'autre. J'ai dit à mon confrère d'appeler la police et sans réfléchir, je suis parti vers l'amas...
En arrivant tout près de la Mazda 5 du jeune homme qui nous suivait et qui était parti en dérape, celui-ci était debout, sorti de l'habitacle, sacs gonflables déployés et lui, visiblement sonné.
Je lui ai demandé si tout allait bien et il semblait quand même intact physiquement. Ouf, échappé belle que je me suis dit...
Jusqu'à ce que je m'approche du coté passager, pour voir une jeune femme inconsciente, le cou ensanglanté et qui semblait ne pas respirer. Le jeune homme m'a regardé, je savais pas vraiment quoi faire. "Prends son pouls" que je lui ai dit. Il c'est approché, il était en état de choc: Il appelait sa blonde, tentait de lui parler, mais rien. Au moins le pouls était là...
Des gens en motoneige se sont arrêtés, le trafic à stoppé et déjà 5 ou 6 voitures portait assistance. J'étais encore à coté de la jeune fille. Impuissant. Je disais à son copain de tenir son cou droit, on a mis ma tuque sur la plaie et après d'autres gens sont arrivés. Dont une femme qui s'y connaissait plus que moi. Je me suis retiré peu à peu, la situation semblait sous contrôle.
Mon partner avait appelé la police. Ils m'ont posé 3 ou 4 questions. J'ai dit que c'était urgent. On est aller se rasseoir dans notre voiture pour voir les secours arriver et quand on a vu les gyrophares d'intervention, on est reparti. Sans vraiment dire un mot, complètement sidérés.
C'est bizarre, car je n'ai pas vraiment été impliqué dans la collision, mais l'expérience m'a presque traumatisé. Ça doit être pour ça que j'en parle. Honnêtement, j'ai eu de la difficulté à fermer l'œil. Les images re-défilaient. Je pensais au jeune couple. Surtout à cette jeune fille d'au plus 20 ans, qui l'instant d'un tête à queue, était inconsciente et venait de voir sa vie basculer. Je crois qu'elle est toujours en vie, car j'ai fait des recherches sur le web et je n'ai pas entendu parler de décès. C'est une chance, sinon l'image serait encore plus laborieuse.
Tout ça pour dire que mon traumatisme était banal, au fond. Mais, j'ai tout de suite pensé aux gens qui voient des horreurs au quotidien. Ceux qui sont dans la violence pure et dure, qui vivent dans les chaos et l'immoralité. Comment font-ils pour s'endormir et espérer le lendemain sans revoir toutes les images, unes à unes?
La vie est fragile. Subite parfois, dans ses moments qui marquent au fer rouge. Que peut-on y faire? On est vulnérable c'est vrai. Parfois on est à un cheveu d'y passer. Et dans ma réflexion traumatisante d'hier, j'ai réalisé que c'était bien vrai. Sauf qu'il faut savoir tourner la page, même si ce n'est pas toujours évident.
J'ai finalement réussi à m'endormir. Et ce matin j'ai raconté cette histoire aux gens du bureau. Et à mes chums. Et à vous. Et j'ai repensé aux jeunes gens d'hier et en espérant que tout aille bien, malgré tout. Que faire de plus, sinon faire confiance à la vie, si imprévisible.

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